
Souvent décrit comme "le roi des médecins" ou encore comme "le médecin légendaire" Sun SiMiao est avant tout un taoïste lettré, un alchimiste cherchant sans relâche. C'est sans doute par cette voie qu'à force de chercher, il trouva. Nous sommes conscient de l'ampleur de son travail et du don qu'il nous en fit car aujourd'hui encore ses livres sont étudiés attentivement par les étudiants en médecine chinoise. Sun SiMiao est souvent décrit comme "le Tigre-Coeur", un être qui ne refuse jamais son aide et qui atteint l'immortalité par sa présence à autrui et ses propres recherches. Sun SiMiao connaît parfaitement la pharmacopée et propose plusieurs préparations de remède qui sont aujourd'hui des exemple d'études, des recettes qui fonctionnent. Cependant il met en garde contre toute hâte, même dans la guérison. Il sait que la physiologie du corps humain a besoin de temps et qu'un rétablissement complet est une jonction entre un rétablissement physique, une stabilité émotionnelle et une compréhension par le patient de ce qui l'a conduit à être souffrant. Cette notion est au coeur du principe de globalité de la médecine chinoise. C'est à partir de Sun SiMiao que l'histoire entière du consultant compte autant que le motif de consultation. Son SiMiao laisse derrière lui un héritage important parmi lequel "l'absolue sincérité des grands thérapeutes" que nous nommons aujourd'hui le serment de Sun SiMiao. Par ce texte il nous propose une méditation sur l'éthique humaine face à la Vie, une réflexion à avoir en soi pour mesurer la porté de nos actes et leur influence sur le quotidien de chacun. Il nous demande de garder l'esprit libre des entraves émotionnelles et des quêtes qui nous animent tous.
Voici le texte de Sun SiMiao en chinois puis sa traduction en français. Certains passage ne sont plus vraiment d'actualité - l'observation et la lecture des carapaces de tortue par exemple (encore que...) - mais c'est surtout la pensée et l'exigence personnel que ce texte insuffle qui est important. Le chemin arpenter quotidiennement par les étudiants et praticiens est essentiellement tourné vers autrui, vers l'aide et le secours. Sun SiMiao l'a bien compris et nous livre un serment qui place l'éthique médicale et thérapeutique avant l'égo. Il place l'étude comme premier pilier d'une pratique solide. Pour lui la connaissance et la conscience de la vie est la porte d'un temple par laquelle il faut passer et repasser avec humilité. Il insiste sur le fait que les étudiants les praticiens et les médecins doivent avoir accès au plus grand nombre de sources médicales, de documentations, de partages de connaissances - anatomiques, physiologiques, théoriques, pharmacologiques, psychologiques, philosophiques etc ... - afin de parfaire les bases de la pratique. Pour Sun SiMiao tout ceci doit être " au service " d'autrui. Pour lui dans les notion de secours et d'aide l'égo à très peu de place.
En Chine cet engagement moral joue un rôle aussi important que le serment Hyppocrate en occident :
凡欲为大医,必须谙 素问 甲乙 黄帝针经、明堂流注、十二经脉、三部九候、五脏六腑、表里孔穴、本草药对、张仲景、王叔和、阮河南、范东阳、张苗、靳邵等诸部经方。又须妙解阴阳禄命,诸家相法,及灼龟五兆,周易 六壬,并须精熟,如此乃得为大医。若不尔者,如无目夜游,动致颠殒。次须熟读此方,寻思妙理,留意钻研,始可与言于医道者矣。又须涉猎群书,何者?若不读五经,不知有仁义之道;不读三史,不知有古今之事;不读诸子,睹事则不能默而识之;不读 内典,则不知有慈悲喜舍之德;不读 庄老,不能任真体运,则吉凶拘忌,触涂而生。至于五行休王、七耀天文,并须探赜,若能具而学之,则于医道无所滞碍,尽善尽美矣。
凡大醫治病,必當安神定志,無欲無求,先發大慈惻隱之心,誓願普救含靈之苦。若有疾厄來求救者,不得問其貴賤貧富,長幼妍媸,怨親善友,華夷愚智,普同一等,皆如至親之想。亦不得瞻前顧后,自慮吉凶,護惜身命。見彼苦惱,若己有之,深心淒愴。勿避嶮巇、晝夜寒暑、飢渴疲勞,一心赴救,無作工夫形跡之心。如此可為蒼生大醫,反此則是含靈巨賊。自古名賢治病,多用生命以濟危急,雖曰賤畜貴人, 至於愛命,人畜一也,損彼益己,物情同患,況於人乎。夫殺生求生,去生更遠。吾今此方,所以不用生命為藥者,良由此也。其虻虫、水蛭之屬,市有先死者,則 市而用之,不在此例。隻如雞卵一物,以其混沌未分,必有大段要急之處,不得已隱忍而用之。能不用者,斯為大哲亦所不及也。其有患瘡痍下痢,臭穢不可瞻視, 人所惡見者,但發慚愧、淒憐、憂恤之意,不得起一念蒂芥之心,是吾之志也.
Quiconque veut devenir un grand médecin, doit nécessairement bien connaitre le Su Wen, Jia Yi,Huang Di Zhen Jing (le Classique d'Acupuncture de Huang Di), Ming Tang Liu Zhu, les douze canaux, San Bu Jiu Hou, cinq organes et six viscères, superficie/interne et les points d'acupuncture, les plantes médicinales et le couplage des remèdes, Zhang ZhongJing, Wang Shu He, Ruan He Nan, Fan Dong Yang, Zhang Miao, Jin Shao etc et autres formules classiques.
Il faut aussi connaître subtilement la prospérité du mandat céleste du Yin Yang,les techniques d‘apparences, ainsi que les cinq présages en brûlant la carapace de tortue (histoire et fondement du Yi Jing), les 6 Ren du Zhou Yi (Classique des Changements), il faudra en plus les maîtriser, ainsi seulement on peut être un grand médecin. Si vous n’êtes pas comme ça, c'est comme si vous êtes sans yeux errant dans la nuit, bouger jusqu'à la renverse et la perdition.
Secondement, il faut bien lire ces formules, chercher la pensée et la subtile logique, être attentif et se livrer à l’étude, on pourra ainsi commencer à communiquer avec le Dao de la médecine. Il faut aussi parcourir une multitude de livres, lesquels sont-ils ? Si vous ne lisez pas les cinq classiques confucéens, vous ne saurez pas qu'il y a le Dao du Ren (bonté/humanité) et du Yi (devoir); si vous ne lisez pas les trois annales d'histoires, vous ne saurez pas qu'il y a les choses de l'ancien et du présent; si vous ne lisez pas les textes des maîtres des cents écoles (d'avant la dynastie des Qin), vous verrez les choses mais sans pouvoir les reconnaître en étant silencieux ; si vous ne lisez pas les textes bouddhistes, vous ne saurez pas qu'il y a la vertu de la compassion, la bonté et le lâcher prise; si vous ne lisez pas Zhuang Zi, Lao Zi, vous ne pourrez recevoir la réalisation cosmique et expérimenter les mouvements (du mécanisme du Yin et du Yang), ainsi les contraintes du faste et néfaste apparaîtront partout. Quant aux cinq mouvements rois (prospérités) des pauses, sept brillances et astronomie, il faut aussi les explorer profondément, si vous pouvez les avoir et les étudier, alors il y aura aucune entrave et stagnation au Dao de la médecine, vous serez à la bonté ultime, à la beauté ultime.
Les étudiants doivent accéder au plus grand nombre de sources médicales possibles et doivent étudier infatigablement avec la plus grande attention. Ils ne doivent parler de rien d’autre que de la correcte voie médicale. Ce n’est qu’ainsi qu’ils pourront éviter les erreurs.
Quand un médecin éminent traite une maladie, il doit avoir l’esprit serein et un tempérament solide. Il doit être un modèle de compassion et de compréhension sans voeux ni désirs personnels. Il fait serment de mettre fin partout à la souffrance des hommes.
Si quelqu’un qui souffre horriblement d’une maladie réclame son aide, il ne se demandera pas s’il s’agit d’un noble ou d’un roturier, s’il est riche ou pauvre, vieux ou jeune, beau ou laid, s’il est chinois ou étranger, si c’est un fou ou un homme sage, s’il nourrit de la rancune à son égard, s’il est un ami proche ou un parent.
Ils sont tous égaux et il les considère comme s’ils étaient tous ses plus proches parents. Il ressentira une profonde commisération, et il ne se laissera pas rebuter par les montagnes dangereuses, le jour ou la nuit, le froid ou la canicule, la faim ou la soif, ou l’épuisement. C’est de bon coeur qu’il portera secours.
Supprimer la vie (d’un animal afin de préparer un remède) pour sauver la vie (d’un homme), rend plus lointaine la santé du patient.
Le grand médecin ne doit pas avoir une attitude arrogante, ni soumise. Lors de l’investigation diagnostique, il examine avec attention le corps du patient et ses symptômes sans laisser échapper même le plus petit détail.
Les règles de la médecine interdisent d’être bavard et de faire des plaisanteries en se moquant des autres, ou bien de se comporter bruyamment, de décréter ce qui est juste et faux, de parler des affaires des autres et de se mettre en avant en dénigrant d’autres médecins tout en chantant ses propres louanges.
L’esprit du médecin doit être porté vers l’aide du patient.
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